Les médias s’emballent à nouveau autour du télescope spatial James Webb (JWST) : il aurait détecté des signes possibles de vie sur l’exoplanète K2-18b. Lors d’une observation, le JWST a analysé la lumière de l’étoile K2-18 pendant que la planète passait devant elle — un transit qui se produit tous les 33 jours. Ce phénomène permet de détecter la composition chimique de l’atmosphère planétaire, en observant comment la lumière de l’étoile est filtrée.

Les chercheurs pensent avoir trouvé des traces de sulfure de diméthyle (DMS) dans l’atmosphère de K2-18b. Sur Terre, le DMS est principalement produit par l’activité bactérienne. Dès lors, s’il est présent ailleurs, certains y voient un indice potentiel de vie extraterrestre.
Mais… en lisant l’étude de plus près, les choses se compliquent.
Le degré de confiance
Les articles relayés par les médias évoquent une « détection à 3σ ». Or, dans le domaine de la détection atmosphérique des exoplanètes, on utilise plutôt le facteur de Bayes (noté B) pour quantifier la confiance dans une découverte :
• Aucune preuve (B < 3)
• Preuve faible (3 < B < 12)
• Preuve modérée (12 < B < 150)
• Preuve forte (B > 150)
Dans cette étude, le facteur de Bayes obtenu est de… 2,6. Autrement dit, pas de preuve selon cette échelle. Bien loin d’une annonce sérieuse.
La production de DMS
Autre problème majeur : même si, sur Terre, le DMS est principalement produit par des organismes vivants, il existe des processus purement abiotiques capables de générer cette molécule. Donc, même si la présence de DMS était confirmée, cela ne suffirait pas à conclure à la présence de vie.
Un emballement médiatique classique
En résumé, nous avons affaire à une étude encore très débattue dans la communauté scientifique, qui est pourtant présentée comme une quasi-certitude dans les médias grand public. Par manque de rigueur ou par envie de sensationnalisme, certains journalistes relayent des informations sans en vérifier la solidité. Résultat : un buzz énorme, mais au prix de malentendus, d’exagérations et parfois de fausses idées… Ce phénomène n’est pas limité à l’astronomie : il touche malheureusement l’ensemble des domaines scientifiques.